Madone des motards 2005 à Porcaro (56)
CR de Thierry (tba44) & Blandine :
Il est 6h30, ce lundi 15 août, quand notre voisin de tente se retourne pour la 178ième fois de la nuit, en faisant un barouf d’enfer avec son matelas pneumatique. J’ai jamais entendu un matelas pneumatique se plaindre autant de devoir supporter sa charge (certes conséquente, s’agissant de Valé…). Il avait prévenu la veille : « La nuit, je ronfle un peu ». C’est vrai : entre les ronflements de Valé, les appels au secours de son matelas, la fête aux tam-tam de nos voisins de prairie, et les pleurs du petit dernier (mais bientôt « grand premier ») de Jordy, ça n’a pas été facile de se reposer pour son premier Porcaro. Mais bon. Au moins, levés à l’aube, on ne sera pas en retard.
Pourtant si : petit dej’, pliage de tentes, et nous voilà vite partis de Pénestin, direction Porcaro. Presque en avance finalement, s’il n’avait fallu ravitailler le 1300 Yam dés le départ. Première queue à la pompe à essence. Par prudence (et solidarité) je m’associe et complète mon réservoir. C’est ce contretemps qui explique notre retard au premier point de rendez-vous à La Roche Bernard, où nous rejoignons Loïc, Pascal, Yoyo, Jean, ZR7zen et les autres …
Après la première pose cigarette, nous repartons donc à une douzaine de motos. La route est magnifique, les virages nombreux, et nous voilà à Malestroit pour… un deuxième arrêt à la station service. Là, on a le temps de faire plus ample connaissance avec nos compagnons de route, et en particulier avec ceux qui sont les plus organisés, vu qu’ils ne sont pas dans la queue interminable de la pompe (ils ont prévu avant, eux).
Nouveau départ vers Porcaro. Les motos sont de plus en plus nombreuses, ça commence à bouchonner par endroit, mais l’ambiance est détendue, la conduite aussi. Les moteurs commencent à chauffer. Malgré les caprices de la météo bretonne que je pratique depuis peu, j’en suis maintenant sûr : il ne neigera pas aujourd’hui, et la probabilité de pluies verglaçantes est quasi nulle. Je me prépare donc à une journée de cuisson sous mon cuir, sur mon grille pain italien complètement inadapté à cet exercice (surtout en duo), et dont j’ai pu observer longuement les seuils de température pour le déclenchement et l’arrêt des ventilos.
Jordy arrête le groupe à Augan, et propose d’y attendre le convoi de la balade, plutôt que de s’engluer dans les bouchons jusqu’à Porcaro. Ca me va très bien car je doute que les quelques gouttes accompagnant la bénédiction aient pu nous rafraîchir.
Restauration en terrasse pour tout le groupe, avec au passage une maîtrise parfaite de l’intendance : la vingtaine de personnes a réussi à se mettre sur une seule table, alors qu’un généreux participant se dévoue pour aller chercher les assiettes pour tout le monde.
S’en suit une petite sieste sur l’herbe, à peine perturbée par les quelques décérébrés du rupteur, les éternels lobotomisés du burn, et autres abrutis du stoppie. J’ai décidément trop de respect et d’attention pour la mécanique en général, et la mécanique moto en particulier (même japonaise !) pour comprendre que l’on puisse délibérément abîmer la machine que l’on a eu autant de mal à acquérir, ceci dans le seul but d’exister un instant aux yeux d’un public éphémère.
C’est pas grave : le convoi de la balade arrive déjà, et nous nous dirigeons vers les motos. Sortis du parking sans problème, nous rejoignons enfin la file interminable. J’ai rarement vu autant de motos sur une aussi longue distance. La balade est longue d’environ 70 kilomètres, et elle emprunte des routes magnifiques : vous savez, les toutes petites, qui sont tracées en blanc sur les cartes Michelin. Que du virage, des sous bois, des parties vallonnées. Au niveau du public, l’ambiance me rappelle un peu les retours des 24 heures du Mans, dans les années 90, quand je repartais vers Poitiers par la nationale : des gens partout, tendant les mains, applaudissant, le sourire jusqu’aux oreilles. Beaucoup de gamins, mais aussi des « anciens », qui ont attendu vraisemblablement depuis des heures juste pour voir passer les quelques 15000 motos. Cette manifestation de sympathie me fait chaud au cœur, et je ne peux m’empêcher de me demander si ce sont les mêmes qui, le restant de l’année, pestent contre les motards bruyants, délinquants de la route, indisciplinés et inconscients. C’est à la fois paradoxal et rassurant, car l’image véhiculée ici est positive ; le cortège progresse avec prudence et sans débordements, les quelques portions rapides (entre deux ralentissements) ne sont pas prétextes à des runs de défoulement.
J’en profite pour m’excuser auprès du seul gamin auquel j’ai réussi à taper dans la main (c’était le rôle de ma passagère) : je n’ai pas fait exprès : je n’avais pas de gants, le choc a été brutal et je l’ai vu se tordre de douleur dans le rétro. Pour ma part j’ai encore aujourd’hui un bleu sur les deux premières phalanges de l’index. Encore désolé.
Notre groupe a réussi à rester à peu prés groupé quand nous rejoignons Ploermel, terme de la balade, et dernière occasion de se retrouver pour une ultime séance de déshydratation.
Blandine et moi ne connaissions pratiquement personne avant cette journée, et je ne me souviens pas des prénoms et des motos de tout le monde, mais en tous cas l’accueil et la gentillesse de chacun nous a fait bien plaisir et nous garderons un réel bon souvenir de cette journée.
Il est temps de repartir, les groupes de motos se divisent suivant les destinations ; nous rentrons avec Valé et Sandrine, Jean-Luc(VTR immatriculée en 49), Jean(VFR gris, en tête de groupe, membre de la CASIM 44), Henri (dit ZR7zen, sur une autre moto grise).
En résumé : Porcaro 2005 ? que du bon : les routes, les motards, le public, l’organisation. Pas une chute (même à l’arrêt). Les seules pépins mécaniques à déplorer : une Yam R6 qui perd du liquide de refroidissement, et un VFR qui cale sur la route du retour, puis affole son propriétaire au redémarrage (figurez vous que c’est un propriétaire d’italienne qui l’a redémarrée…).
On remet ça en 2006 ?
Thierry&Blandine/RSV1000
post original sur zen motard